L’étude des formes incroyables des orchidées et de l’anatomie de leurs pollinisateurs avait permis à Darwin de comprendre ce phénomène extraordinaire de coévolution entre les insectes et les plantes à fleurs qui permet aux uns de se nourrir et aux autres d’assurer leur reproduction tout en se protégeant contre les voleurs de pollen.
Des insectes auraient pratiqué cette fécondation sur des plantes comme les fougères et les conifères, pourtant dépourvues de fleurs, il y a plus de 150 millions d’années, avancent des chercheurs dans la revue Science publiée cette semaine.
Conrad Labandeira (Smithsonian Institution, Washington, E-U) et ses collègues se sont intéressé à de petits insectes de l’ère Mésozoïque, des mécoptères ou mouches-scorpions (ainsi appelés à cause de leur abdomen recourbé). Très diversifiés au Mésozoïque (il y a entre 65 et 250 millions d‘années), les mécoptères possèdent une sorte de trompe bien adaptée à la consommation de nectar.
Après examen de onze espèces de mécoptères et de leur environnement, Labandeira et son équipe concluent que ces mouches-scorpions étaient tout à fait aptes à la pollinisation d’espèces végétales aujourd’hui disparues, antérieures aux plantes à fleurs (angiospermes). Il s’agit de plantes dont le pollen ne pouvait pas être dispersé par le vent mais accessible à la trompe des mécoptères.
Les premières relations entre insectes pollinisateurs et plantes auraient donc existé bien avant la période faste de la fin du Crétacé, il y a entre 65,5 et 99 millions d’années. C’est à ce moment-là que les angiospermes se sont diversifiés et que la coévolution avec les insectes pollinisateurs a pris son essor.
A l’heure actuelle, aucun fossile de mouches-scorpions contenant du pollen n’a été retrouvé, même pour les spécimens conservés dans l’ambre. C’est un peu la pièce manquante de ce puzzle.
Source : Sciences-et-Avenir.com