En cas d’allergie au venin d’hyménoptères, mieux vaut disposer d’un kit avec de l’adrénaline.
Chaque année en France, une vingtaine de personnes meurent des suites de piqûres d’hyménoptères (guêpes, abeilles, frelons). «Le grand public n’arrive pas à faire la différence entre ces différents insectes même si je pense que les piqûres d’abeille sont de loin les plus nombreuses», relève le Dr Luc de Haro, du centre antipoison de Marseille. Si une guêpe peut utiliser son dard en forme d’aiguillon lisse autant de fois qu’elle le souhaite, l’abeille (son dard a une forme de harpon, c’est pourquoi elle le laisse dans la peau de celui qu’elle pique) meurt dès la première injection de venin.
Les patients qui ont fait une allergie à la suite d’une piqûre doivent apprendre à reconnaître les symptômes. Il s’agit notamment d’une urticaire importante ou d’un début d’œdème sur la langue alors que l’on a été piqué au doigt. «Toutes ces réactions sont des signes qui doivent conduire à faire une désensibilisation», assure le Dr Patrick Harry, du centre antipoison d’Angers. «Cette désensibilisation marche très bien. C’est d’ailleurs celle qui fonctionne le mieux», insiste le Dr Luc de Haro. Car en cas de piqûre, le patient allergique peut mourir rapidement d’un choc anaphylactique. Et cette réaction peut survenir quelle que soit la dose de venin injectée, une seule piqûre pouvant suffire.
Pour augmenter les chances de survie d’une personne allergique, il est vivement conseillé d’avoir à portée de main un kit avec une seringue d’adrénaline. «L’injection évite l’arrêt cardiaque, elle augmente les chances de survie et permet de tenir jusqu’à l’arrivée des secours», insiste le Dr Harry. Une fois à l’hôpital, le patient est généralement perfusé avec de l’adrénaline et peut être placé sous respirateur artificiel. Ces kits sont exclusivement réservés aux allergiques et ne peuvent être obtenus que sur prescription médicale.
œdème localisé
D’autres cas nécessitent une intervention rapide des secours. «Quand on est face à des piqûres multiples (plus de cinq), ou quand une muqueuse est touchée, en général la bouche, suite à une piqûre quand on roule à vélo par exemple, il faut appeler le 15», conseille vivement le Dr Luc de Haro. Une seule piqûre dans la bouche ou dans la gorge peut suffire à mettre en jeu le pronostic vital à cause de l’œdème qui peut provoquer une asphyxie, et ce indépendamment de toute allergie. Dans ces cas-là, une prise en charge médicale est nécessaire.
Outre ces réactions allergiques et toxiques, la réaction locale est heureusement la plus fréquente. Elle ne nécessite pas d’intervention médicale particulière même si elle peut être douloureuse et provoquer un œdème localisé. «Le venin ne supporte pas les variations de température, note le Dr Luc de Haro. Avant tout, il convient de désinfecter la plaie à l’aide d’alcool à 70° ou d’eau oxygénée. Puis on passe la zone piquée au sèche-cheveux pendant deux minutes. Ensuite on applique pendant quelques minutes une source de froid comme une cannette en aluminium tout juste sortie du réfrigérateur, ou des glaçons.» Le passage du chaud au froid permet de neutraliser le venin.
Si les prédateurs que sont les guêpes sont attirés par un pique-nique, des fruits ou encore des sources d’eau, les butineuses que sont les abeilles préfèrent les fleurs. À moins de vouloir l’attraper, l’abeille ne pique pas souvent. Et les guêpes attaquent uniquement quand elles se sentent en danger. Inutile donc de partir en courant ou de faire de grands gestes.
source: lefigaro.fr